Musical work | Composer | Date of performances | City | Company | |
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Les Indes galantes | Rameau | 27/09/2019 - 15/10/2019 | Paris | Opéra National de Paris | View performance details |
Enthousiasme unanime à Paris Bastille pour ovationner "Les Indes galantes"de Jean-Philippe Rameau dans leur interprétation - Cappella Mediterranea de Leonardo García Alarcón -, mise en scène - Clément Cogitore - et chorégraphie - Bintou Dembélé Un bonheur tout court.
C'est en effet ce que les deux mille cinq cents spectateurs de l'Opéra Bastille ont ressenti - et c'est ainsi chaque soir. Quatre heures de représentation qui filent, une mise en scène inventive, des trouvailles scénographiques judicieuses, des interprètes aussi talentueux qu'heureux d'être là, un émerveillement renouvelé.
Dans la fosse, la chapelle méditerranéenne de Leonardo Garciá Alarcón. Aux effectifs quasi doublés dans la mesure où il a été conclu, pour un ensemble baroque, de faire dans l'immense hangar-Bastille et non, comme de coutume, dans l'intimité relative du Palais Garnier. Pari réussi: non seulement, mais surtout sur les réjouissances de ce que l'on entend. Une fois de plus, Alarcón a proposé une lecture cohérente qu'exprimée par une partition qu'il a sublimé par son travail musicologique et interprétatif; ses musiciens après suivi. Sur le plateau, quelques-uns des plus convaincants jeunes interprètes français. Présent également, et commenté, le Cœur de Chambre de Namur, "soliste"nécessaire.
Mais la réussite de l'entreprise est indissociable des options de représentation du metteur en scène - dont c'était le baptême à l'opéra - Clément Cogitore, connu jusqu'alors pour un travail cinématographique au confluent de l'art. Quelle imagination bienvenue, dans la caractérisation physique des personnages (dans un immense dressing-papillon avec un robout robier ou l'uniforme des majorettes), dans le soulèvement (un manège enfantin, un podium de défilé de mode), dans la fluidité et le rythme des enchaînements, dans les images scéniques, dans l'exacte adéquation aux intonations musicales.
Mais ce qui transcende le tout, c'est la chorégraphie, absolument "baroque"et donc merveilleusement baroque! Expliquons-nous. Elle est due à la consommation et à la compagnie de sa sexualité (rue et réalité). C'est une danse d'aujourd'hui, combinant "Hip-Hop, Popping, Break Dance, Krump, Flexing, Voguing, Waacking, Electro", et d'autres encore sans doute. Nous nous trouvons bien dans les canons d'une danse baroque reconstituée, archéologique, mais en plein dans l'esprit baroque du dépassement des lignes et de l'excès. Ils sont vingt-neuf danseurs sur le plateau! Cela virevolte, cela fait partie de tous les sens, c'est virtuose, et cela se conjugue merveilleusement avec la partition.
Ce qui est remarquable, c'est que cette danse n'est pas une danse d '"intermèdes". Comme la partition, elle est constitutive de l'œuvre! Et ce qui est remarquable encore, c'est que tout le monde, oui tout le monde, danse: les solistes, les chœurs, "tous ensemble, tous ensemble". C'est irrésistible. Et voilà que sur le plateau du temple respectable lyrique est Bastille, se trouvent ainsi réunis, improbable rencontre, des chanteurs d'opéras et des "danseurs de rue".
Baroque, éminemment baroque!
Stéphane Gilbart
(photo E. Bauer / Opéra de Paris)