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Diese Freude war es auch, die sich insgesamt durch den ganzen Abend zog und von den Hauptrollen über den Chor bis hin zu den kleinsten Rollen jeden auf der Bühne und auch die Musiker im Orchestergraben zu erfassen schien. Denn ebenso schwungvoll wie die Sänger und Schauspieler ihre Partien anlegen, gestaltete Leonhard Garms am Pult des Grazer Philharmonischen Orchesters den Abend. Mit Verve und vollem Einsatz - herrlich zu beobachten war etwa sein angedeutetes Mittanzen bei Alfred P. Doolittles Schlager "Hei, Heute morgen mach ich Hochzeit" - swingte er mit den Musikern durch den Abend; Er schuf dabei einerseits eine zuckerwattige Orchesterwolke für die Sänger und andererseits ausladende Bögen in den orchestralen Zwischenspielen. Stilistisch blieb er eindeutig näher an süßen und streicher-schwelgenden Operettenklängen, als man Loewes Werk sonst oft zu hören bekommt, was aber zumindest meinen Geschmack genau getroffen hat. Und auch wenn My Fair Lady mit dem Schlusssatz "Eliza, wo sind meine verdammten Pantoffeln?" das Rennen um das seltsamste Happy-End der Bühnengeschichte mit Abstand gewinnt, ist das Publikum nach kurzweiligen drei Stunden doch bestens gelaunt.

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21 May 2016Isabella Stefan

C’est un Joël Pommerat inattendu qui s’offre aux spectateurs bretons après un grand succès à l’Opéra-Comique en septembre dernier et en attendant une fin de tournée en Pays de Loire dans deux semaines ainsi qu'une possible consécration pour le compositeur aux Victoires de la Musique. Pour sa seconde création lyrique, après un formidable Pinocchio crée avec Philippe Boesmans, le dramaturge s’associe avec Francesco Filidei – dont c’est également le second opéra – dans une veine qui tranche avec l’onirisme où il excelle. On s’avoue un peu déboussolé de ne pas retrouver la puissance métaphorique de l’auteur de Cendrillonou du petit Chaperon Rouge dans une œuvre qui relève néanmoins parfaitement du registre lyrique : celui de la tragédie où le torrent passionnel se révèle aussi inexorable que destructeur. L’écriture de l’Inondation, assez originale, aurait pourtant pu emporter le spectateur fort loin du prosaïsme choisi par l’équipe artistique puisque, fait plutôt rare, livret, musique et mise en scène sont nés de concert avec, même, des séances d’improvisations musicales avec les chanteurs et le continuo. Le sujet du livret est celui d’une nouvelle soviétique de 1929 d’Evgueni Zamiatine, important auteur russe de l’entre-deux-guerres mort en exil à Paris en 1937. L’argument ne manque pas d'âpreté : un couple en mal d’enfant accueille une adolescente tout juste orpheline, qui – ironie cruelle – a l’âge de leur mariage. L’homme la séduit sous le regard abasourdi de son épouse qui laisse s’installer un invivable ménage à trois. Enfermée dans la culpabilité liée à son infertilité, l’épouse est longtemps incapable de se révolter. Dans une association classique entre émotions, inconscient et élément liquide, l’inondation qui menace la ville est métaphore des forces souterraines à l’œuvre. Ici l’eau qui monte se fait l’écho de la pulsion meurtrière de la mère qui finit par assassiner la jeune fille. Libérée, l’épouse peut alors enfin devenir mère. La scène initiale est celle du meurtre, forte, car alors dépourvue d'un mobile intelligible pour le spectateur, avant qu’un long flashback ne le replonge dans la genèse de la catastrophe. © Stefan Brion La scénographie d’Éric Soyer présente une maison, vue en coupe, permettant au spectateur d’observer simultanément les habitants des trois étages qui la composent. Le couple assassin du rez-de-chaussée est aussi peu loquace que les cinq membres formant la famille du premier ou les résidents du dernier étage. La simultanéité des scènes de vie quotidienne rend plus glaçante encore la transgression : chacun se plaint d’entendre les voisins, pourtant on joue aux cartes au palier supérieur tandis que les digues sont emportées juste en dessous. La nouvelle russe déjà était tissée de silence ; de ce silence naitra le drame. Pour lui donner chair, Joel Pommerat fait le choix du prosaïsme, d’un ordinaire fade, étouffant et immobile où seul le passage des saisons donne conscience du temps qui passe. Il choisit, dit-il, de situer l’action dans « une sorte de passé-présent non réaliste… que l’on pourrait situer dans les années 50-60-70 » D’où des décors, des lumières (Éric Soyer), des costumes (Isabelle Deffin) aussi réalistes que volontairement dépourvus de séduction. Cette austérité visuelle est redoublée par les lignes vocales, contraintes, refusant toute sensualité et qui ne permettent pas toujours aux chanteurs de donner la pleine mesure de leurs capacités. L’incommunicabilité domine cet ordinaire atone où chacun est emprisonné dans son néant intérieur sous l’apparence de la normalité. Notable exception, Chloé Briot, mezzo charnue aux superbes aigus bénéficie, de par son rôle, d’une palette expressive plus large : en état de sidération, passive, écrasée, elle est tout aussi poignante, intense que lorsque l’emporte la logorrhée – crue non plus liquide mais désormais verbale – d’une formidable scène d’aveu confinant à la folie. Le poids des jours, obsédant, n’empêche pas les autres interprètes d’incarner puissamment les personnages grâce à une formidable direction d’acteur, juste, précise, dépourvue d’outrance et favorisée sans doute par une connivence de longue date entre le metteur en scène avec plusieurs de ses interprètes, déjà vus dans Pinocchio notamment. C’est le cas de Chloé Briot, déjà nommée, ainsi que de Boris Grappe qui incarne son époux infidèle avec une belle densité, Le souffle est long, la diction claire et la projection flatteuse en dépit de medium parfois légèrement engorgés. Face à eux, la jeune fille est doublement interprétée par Cypriane Gardin, jeune comédienne toute en nuances, et le soprano solaire et incarné de Norma Nahoun. Ce dédoublement aussi mystérieux que séduisant est plurivoque : éclaire-t’il un autre possible ? L'obsession de l’épouse qui démultiplie le réel ? L’irruption de la folie dans sa psyché traumatisée ? Celle de la fatalité, dont le flot ravageur emporte tout jusqu’au rationnel ? Le narrateur de Guilhem Terrail pourrait nous éclairer, mais s’en garde bien. Le haute-contre brosse un personnage tout en gravité, à la voix bien placée, en dépit d'aigus légèrement en dehors en seconde partie de soirée. François Rougier, Nicholas Isherwood et surtout Yael Raanan-Vandor complètent la distribution vocale avec autant d’intensité que de précision. Face à la banalité triviale du quotidien qui nous est donné à voir, la magie se concentre toute entière dans la musique. Le jeune chef Leonhard Garms emporte totalement l’adhésion à la tête d’un Orchestre Symphonique de Bretagne concentré, intense et chatoyant. Francesco Filidei enrichit sa très belle partition d’une multitude d’instruments, d’appeaux, de sons improbables remarquablement évocateurs, en imitation de la nature, de la vie de l’immeuble (oh, ce bruit de sommier qui grince….) ou encore au diapason de la vie intérieure des personnages comme le rire cassé, grinçant de l'épouse basculant dans un délire rédempteur. Le compositeur propose également tout au long de l’œuvre un superbe travail rythmique remarquablement porté par les musiciens. Des éléments très réussis comme cette puissante respiration mécanique, flux - reflux qui ponctue les progrès du fatum et en accentue l'inéluctabilité. Des eaux glacées où s'immerger sur Arte Concert car, une nouvelle fois, l'Opéra de Rennes propose à ses spectateurs une production d'audience nationale.

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18 January 2020www.forumopera.comTania Bracq

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