Dans une lettre adressée à la célèbre maison d’édition leipzigoise Breitkopf & Härtel, Beethoven intitule lui-même sa Sixième Symphonie « Pastorale » ou « Souvenir de la vie rustique, plutôt émotion exprimée que peinture descriptive » (28 mars 1809). Parce qu’elle vise à représenter l’univers émotionnel intime plus qu’à imiter la nature, cette œuvre marque le début d’un nouveau genre de « musique à programme » qui sera caractéristique du xixe siècle.
Le Concerto pour violon (1938) de Benjamin Britten ne repose sur aucune idée
extra-musicale même si sa composition est concomitante du climat politique tendu de l’Europe à la veille du deuxième conflit mondial. Pacifiste convaincu, Britten quitte l’Angleterre pour aller s’établir aux Etats-Unis où il achève cette œuvre et le New York Time a bien noté lors de la création qu’il ne s’agissait pas d’opposer le soliste à l’orchestre, mais de combiner les deux formes de virtuosité : « Le climat musical
est tour à tour poétique, satirique et élégiaque. L’instrumentation, parfois très simple, souvent très brillante, est si magistrale que le violon n’est jamais couvert quand l’intention est qu’il ressorte ».
La compositrice anglaise Anna Clyne (née en 1980) qui réside aujourd’hui aux États-Unis renoue avec les possibilités évocatrices de l’art musical dans This Midnight Hour (2015), une œuvre dédiée à l’Orchestre national d’Île-de-France et inspirée par le poème Harmonie du soir de Baudelaire, un poème qui contient
un vers particulièrement musical : « Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige… ».
