Name: Marie-Nicole Lemieux, Pene Pati, David Lefèvre, Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo
Start: 2024-04-06T00:00:00.000Z
End: 2024-04-06T00:00:00.000Z
Location: Auditorium Rainier III

Organization

Admin

Festival Printemps des Arts de Monte-Carlo

Conductor

Kazuki Yamada

Orchestra

Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo

Singer

Marie-Nicole Lemieux

Contralto

Tenor

Pene Pati

Instrumentalist

David Lefèvre

Violin

Marie-Nicole Lemieux, Pene Pati, David Lefèvre, Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo

Monte Carlo

Monaco

Auditorium Rainier III

Public

Music for Violin and Orchestra

Das Lied von der Erde

Simon Samuel

Approved

Marie-Nicole Lemieux, Pene Pati, David Lefèvre, Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo: Music for Violin and Orchestra Stephan, R. (+1 More)

Sous la baguette de son directeur musical Kazuki Yamada, l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo interprète la version originale pour grand orchestre du Chant de la Terre. La contralto Marie-Nicole Lemieux et le ténor Pene Pati délivrent le message puissant de Gustav Mahler, de l’angoisse face à la mort jusqu’à l’amour de la nature consolatrice et l’espérance d’un renouveau.

« Chants accompagnés par une musique d’orchestre symphonique », « Cycle de lieder avec orchestre », « Symphonie de lieder », « Symphonie lyrique » … Ce sont là autant d’appellations forgées par la musicologie pour tenter de qualifier Das Lied von der Erde. C’est bien la preuve que cette œuvre de la maturité de Gustav Mahler, atypique à bien des égards, échappe à tout essai de classification. Le compositeur lui-même, après avoir songé un temps à titrer son œuvre Chant de la Douleur de la Terre, opta pour Le Chant de la Terre, tiré du Chinois. Symphonie pour ténor, alto (ou baryton) et orchestre.

Fait unique dans l’histoire de la musique, Mahler ne se sera consacré qu’à deux genres musicaux – le lied et la symphonie – que tout semble opposer. Du premier, on attend l’intimité de la confidence par le raffinement technique, tandis que le second s’adresse à l’humanité tout entière à travers un langage universel. Mais plus qu’aucun autre compositeur, Mahler aura œuvré à leur fusion. Si bien que ses symphonies dites de la « période Wunderhorn » – no 1 à 4 – empruntent déjà une grande part de leur substance à ses lieder. « Chez lui, écrit justement Henry-Louis de La Grange, la musique et la poésie coulent de la même source et finissent par créer un univers original, complet, tout un monde dans un microcosme. » Quant à ses oeuvres postérieures qui se déploient comme autant de magnifiques « chants sans paroles », elles entretiennent encore un lien subtil avec la poésie mise en musique. Le Purgatorio de la Symphonie no 10 n’est-il pas inspiré par deux lieder antérieurs – Das irische Leben et Blicke mir nicht in die Lieder ?

Entre les Symphonies no 8 et no 10, Das Lied von der Erde offre à Mahler le moyen de dépasser le modèle de la Symphonie no 9 de Beethoven mais marque un point d’aboutissement dans sa démarche compositionnelle. « Lorsque Mahler eut aperçu que la partition serait de nouveau une espèce de symphonie, l’ouvrage a trouvé bien vite sa forme et l’œuvre a été achevée bien plus vite qu’il ne l’avait pensé », confia Alma. Bien que Mahler ait très tôt tourné le dos à la tradition du lied porté par le texte pour privilégier le développement de motifs thématiques, il ne demeura pas moins sensible aux mots. Lecteur assidu, il fut toujours très sélectif dans ses choix et il n’est pas un poème qu’il destina à être mis en musique qui ne fut retravaillé, modifié, voire plus ou moins maltraité. L’examen attentif des esquisses du Chant de la Terre témoigne du travail mené par Mahler sur les textes transmis par Hans Bethge dans Die chinesische Flöte (La Flûte chinoise), conjointement à sa propre recherche sur les éléments musicaux. Mahler instaure ainsi une relation particulièrement étroite entre le mot et le son qui vise toujours à servir l’originalité du dessein musical.

Mais il convient de reconnaître que ce sont les mots de la poésie millénaire venue d’Orient qui sont parvenus à arracher Mahler à la nuit dans laquelle l’avaient plongé les terribles coups du destin de l’année 1907 : son éviction de la direction de l’Opéra de Vienne, la mort de sa fille aînée Maria, le diagnostic de sa malformation cardiaque. C’est donc un homme meurtri et inconsolé, réfugié à l’été 1908 dans ses chers paysages alpestres dont il ne peut toutefois plus jouir pleinement, qui va retrouver progressivement dans la proximité de la poésie de Li-Taï-Po, Tchang-Tsi, Mong-Kao-Jan et Wang-Sei, les échos de ses propres « voix intérieures ». La solitude, l’angoisse face à la mort, la vanité et le caractère éphémère de l’existence y côtoient la jeunesse perdue – qui, comme le rêve ou l’ivresse, fait figure de refuge – mais aussi l’aspiration au bonheur et l’amour de la nature consolatrice. C’est pour cette raison sans doute qu’il choisit de commencer par mettre en musique Der Einsame im Herbst, probablement la page la plus poignante de la partition, bien qu’elle n’y occupe finalement que la deuxième position.

Au mois d’août, une fois la sérénité revenue à force de travail, seront composés successivement le troisième lied (Von der Jugend), puis le premier (Das Trinklied vom Jammer der Erde) marqué par ses éclats de joie qui confinent à la caricature et enfin le dernier (Der Abschied) où l’expression alterne entre une douleur sans limite et l’extase lyrique de la contemplation d’un monde déjà détaché de la réalité. « J’ai travaillé avec zèle et vous comprendrez ainsi que je me sois assez bien adapté à ma nouvelle condition. […] De beaux moments m’ont été accordés et je crois n’avoir rien fait jusqu’ici d’aussi personnel », confia Mahler à son disciple, le chef d’orchestre Bruno Walter à propos de son Chant de la Terre.
Existe-t-il en effet partition plus profondément mahlérienne que celle-ci ?

Dans l’éventail des paysages émotionnels variés qu’explore l’allemand Rudi Stephan dans sa Musique pour violon et orchestre, on peut percevoir les influences de Mahler, décédé l’année même de sa composition : luxuriance de l’harmonie, mais aussi opulence de l’orchestre qui sait se faire chambriste pour dialoguer avec le violon soliste. « Un homme en recherche », c’est ainsi que le musicologue et critique Rudolf Louis qualifia Rudi Stephan. C’était bien là un des points communs qu’il cultivait avec Mahler.

français

Led by its Musical Director, Kazuki Yamada, the Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo performs the original large-orchestra version of Song of the Earth. Contralto Marie-Nicole Lemieux and tenor Pene Pati deliver Gustav Mahler’s powerful message, ranging from angst in the face of death to love of nature and hope for renewal.

“Songs accompanied by symphonic orchestra music”, “Cycle of lieder with orchestra”, “Symphony of lieder”, “Operatic symphony” – these are just some of the terms coined by musicologists to describe Das Lied von der Erde. This proves that Gustav Mahler’s mature work, atypical in many respects, eludes all attempts at classification. The composer himself, after considering the title Song of Earth’s Sorrow, opted for The Song of the Earth, drawn from the Chinese. Symphony for Tenor, Alto (or Baritone) Voice and orchestra.

Uniquely in the history of music, Mahler devoted himself to only two musical genres – the Lied and the symphony – which seem starkly opposed. From the former, we expect the intimacy of things confided with technical refinement, while the latter addresses the whole of humanity through a universal language. But more than any other composer, Mahler worked to bring them together. So much so, in fact, that his so-called “Wunderhorn period” symphonies – Nos. 1 to 4 – already borrow much of their substance from his Lieder. Henry-Louis de La Grange rightly writes that, in Mahler, “music and poetry flow from the same source, creating an original, complete universe, a whole world in a microcosm”. As for his later works, which unfold like so many magnificent “songs without words”, they still maintain a subtle link with poetry set to music. Wasn’t the Purgatorio of his Symphony No. 10 inspired by two earlier lieder – Das irische Leben and Blicke mir nicht in die Lieder?

Between Symphonies No. 8 and No. 10, Das Lied von der Erde offers Mahler the means to go beyond the model of Beethoven’s Symphony no. 9, but also marks a culminating point in his compositional approach. “When Mahler realised that the score would once again be a kind of symphony, the work quickly found its form, and was completed much faster than he had expected,” Alma confided. Although Mahler soon turned his back on the text-driven tradition of the Lied in favor of the development of thematic motifs, he remained just as sensitive to words. An assiduous reader, he was always very selective in his choices, and there wasn’t a poem he intended to set to music that wasn’t reworked, modified and even more or less roughened. A close look at the sketches for Song of the Earth shows how Mahler worked on the Chinese texts translated by Hans Bethge in Die chinesische Flöte (The Chinese Flute), in conjunction with his own research into musical elements. Mahler thus establishes a particularly close relationship between word and sound, which always aims to serve the originality of the musical design.

It was the words of thousand-year-old poetry from the Far East that were able to pull Mahler out of the darkness he had been plunged in by the terrible blows dealt to him in the same year 1907: his ousting as conductor of the Vienna Opera, the death of his eldest daughter Maria, and the diagnosis of his heart defect. In the summer of 1908, he took refuge in his beloved Alpine landscapes, that he could no longer fully enjoy, and gradually rediscovered the echoes of his own “inner voices” in the poetry of Li-Tai-Po, Tchang-Tsi, Mong-Kao-Jan and Wang-Sei. It tells about loneliness, angst in the face of death, the vanity and fleetingness of existence as well as lost youth – which, like dreams or drunkenness, is a refuge – but also about yearning for happiness, and love of the consoling natural world. This is certainly why the first poem he chose to set to music was Der Einsame im Herbst, probably the most poignant page of the score, although it ultimately came in second place.

In August, once the serenity of hard work had returned, the third lied (Von der Jugend) was composed, followed by the first (Das Trinklied vom Jammer der Erde), marked by bursts of joy bordering on caricature, and finally the last (Der Abschied), in which expression alternates between boundless pain and the lyrical ecstasy of contemplation of a world already detached from reality. Mahler confided to his disciple, conductor Bruno Walter, about his Song of the Earth: “I have worked with zeal, and you will understand that I have adapted quite well to my new condition. […] I’ve been given some fine moments, and I don’t think I’ve done anything so personal until now.” Indeed, is there a more profoundly Mahlerian score than this one?

In the range of varied emotional landscapes explored by German composer Rudi Stephan in his Music for Violin and Orchestra, we can perceive the influences of Mahler, who died in the same year the piece was composed: lush harmony, but also opulent orchestral chamber music in a dialogue with the violin soloist. The musicologist and critic Rudolf Louis described Rudi Stephan as “a man in search of something”. This was one of thing he had in common with Mahler.

English

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