Le Deuxième Concerto pour piano de Rachmaninov est un concentré de l’âme russe, plein de fougue et d’un romantisme passionné. «Ça ne rate jamais», affirme Tom Ewell dans ses entreprises pour séduire Marilyn Monroe, dans le film de Billy Wilder Sept Ans de réflexion. Comptant parmi les ambassadeurs les plus magistraux de Rachmaninov, Nikolaï Luganski partage sans relâche la force émotionnelle de ce concerto, dont le compositeur lui-même a fait le remède suprême à sa mélancolie. Sous la baguette de Nikolaj Szeps-Znaider, l’Orchestre national de Lyon se mesurera à la grandeur de Bruckner. Tuttis éclatants et mélodies irrésistibles emplissent la Deuxième Symphonie du «maître de Saint-Florian». Au fil des pages, de magnifiques paysages se dessinent. Si certains critiquent le classicisme de ses formes, l’œuvre démontre que la vérité musicale se moque des préceptes de son époque autant que des débats sur la modernité.
À chaque concert ses découvertes. Pour ouvrir cette nouvelle saison, Nikolaj Szeps-Znaider a retenu un représentant trop souvent négligé de la musique française. D’Ernest Guiraud, on se rappelle moins le compositeur que le professeur de Dukas ou Debussy. Et probablement ne garde-t-on de lui que les travaux les moins personnels, les récitatifs chantés ajoutés à Carmen de Bizet ou l’orchestration des Contes d’Hoffmann d’Offenbach. Son Ouverture d’Arteveld ne manque pourtant pas de caractère. Dédiée à Bizet, elle raconte le sombre destin d’Arteveld, trahi par les siens à la suite d’une révolte populaire dans les Flandres au XIVe siècle. Cette page figure au programme du double album enregistré par l’ONL et Nikolaj Szeps- Znaider pour Bru Zane Label, dont ce concert salue la sortie.
