Dès sa création, en 2022, le Lausanne New Baroque s’est attaché de très grands interprètes. Pour cet An II, Denis Fedorov présente des transcriptions de mouvements de cantates de Bach, regroupés en suites et en concertos. Les parties instrumentales des cantates ont pour vocation de créer un climat émotionnel. Elles servent d’introduction au chœur et aux solistes, en soutenant, embellissant et renforçant le texte et les thèmes religieux. Elles contribuent ainsi à la signification et à la profondeur du propos. Mais cet univers puissamment riche ne mérite-t-il pas de vivre de sa propre vie, quand les instruments parlent sans les chanteurs, sans les paroles ? Bach lui-même a transformé en œuvres purement instrumentales des fragments de cantates de sa jeunesse. C’est ainsi qu’ont vu le jour les sept célèbres concertos pour clavecin et orchestre, dans lesquels le clavecin remplace les voix, le hautbois ou le violon. Du Prélude de la Partita pour violon en mi majeur, il a fait, en ré majeur, l’ouverture de la Cantate Wir danken dir, Gott (BWV 29) où l’orgue soliste se substitue au violon. Reprenant cette ouverture, le transcripteur revient ici au mi majeur initial, confie à nouveau le solo au violon et complète ce désormais concerto par deux très beaux airs de la Cantate 29. Et c’est dans l’esprit du concerto grosso, genre très courant à l’époque, avec un groupe de solistes qui s’oppose au reste de l’ensemble (comme Bach l’avait mis en œuvre dans les Brandebourgeois), que se conclut ce riche programme. DRZ