Xiang Ting Teng / Recensies

Dernier né de la production du TOBS, «Didon et Enée» est un opéra anglais du compositeur Henry Purcell, basé sur un livret de Nahum Tate. La Première a eu lieu au mois d’avril mais l’opéra reste à l’affiche jusqu’en juin. La représentation de ce vendredi soir a été très fréquentée. «Didon et Enée» narre l’histoire de la reine Didon et de sa mort. La mise en scène imaginée par Anna Drescher, les costumes et les décors conçus par Hudda Chukri sont autant d’éléments porteurs qui soulignent un esthétisme scénique poussé jusque dans les moindres détails. Cela donne à cet opéra succinct une dimension exceptionnelle mêlant réalité et monde fantasmagorique. Les personnages incarnent plusieurs identités, si bien qu’à la fin, tous se confondent et s’entremêlent. Une schizophrénie pleinement assumée qui rend l’acte final compréhensible et évident. Le chœur est le reflet des exigences et attentes de la reine. Il apparaît vêtu de noir, ce qui renforce le côté dramatique de la scène finale. Quelques décalages avec l’orchestre ont toutefois entaché la fluidité du discours, mais rien d’irrémédiable! L’orchestre, dirigé par Vito Lattarulo pour cette représentation, est un savant mélange de conception historique et moderne. L’implication du luth, de flûtes à bec, du positif et du clavecin, exprime cette touche historique. Les cordes, elles, montrent le côté moderne. Quant aux chanteurs, il faut souligner la performance de Carine Séchaye. Malgré quelques réserves quant au choix vocal pour incarner Didon, en raison de son vibrato, il reste que son jeu d’actrice est exceptionnel. Les deux dames de compagnie/sorcières vocalement plus en phase avec ce répertoire ont apporté une touche de fraîcheur teintée de folie. Intense et exigeant, cet opéra réalisé avec goût fait la synthèse entre le devoir et les sentiments, le beau et le laid et finalement entre la vie et la mort.