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Nabucco, Verdi
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Nabucco by Verdi, From (2023/2023), Directed by Cristiane Jatahy, Conductor Antonino Fogliani

Programme

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On a souvent interprété le défilé de péripéties et le caractère épique de cette œuvre de jeunesse de Giuseppe Verdi comme un appel à la lutte de libération nationale qui aboutira finalement à l’unité italienne. Mais cette mission plus ou moins divine d’insurgence, qui sacralise en passant ses représentants, Zacharie ou Verdi, ne repose finalement pas vraiment sur l’idée de l’unité mais bien sur celle de la différence. Car si Nabucco thématise bien sûr l’exil du peuple juif en captivité à Babylone avec son fameux « Va, pensiero », l’opéra met encore plus en avant, peut-être sans le vouloir, une particularité de la pensée rabbinique, l’idée du « retrait » du divin comme une présence de l’absence. Fondée sur la destruction de son temple, ce n’est pas sur la « toute-puissance » du divin dans le monde mais plutôt sur la béance du gouffre, comment s’élever sur cette cassure, que se construit l’identité du judaïsme. Ainsi lorsque Nabucco, dans le premier acte, se moque de l’absence de Dieu, celui qui devrait les protéger, il ne croit pas si bien dire et se retrouve en situation miroir à la fin de l’œuvre lorsqu’il s’incline devant le même Dieu pour sauver sa propre fille, lui qui s’était autoproclamé dieu. Aujourd’hui, identité, religion et nationalisme s’entremêlent et créent la formule corrosive de la plupart des populismes modernes qui essayent de cacher cette incomplétude originelle par une construction de vérités absolues et mensongères. Manque et identité, exil et pouvoir, populations déplacées ou décimées, ces migrations forcées à l’intérieur d’une nation ou même au sein d’une communauté sont des thèmes avec lesquels Christiane Jatahy joue toujours à nouveau, entre fiction et réel, scène et vidéo. La metteure en scène, cinéaste et auteure brésilienne à qui a été attribué en 2022 le Lion d’or de la Biennale de Venise pour l’ensemble de son œuvre théâtrale, donnera un nouveau corps à la métaphore de la bible utilisée par Verdi, en y introduisant comme elle a l’habitude dans ses lectures des classiques, la parole de ceux qui résistent encore aujourd’hui aux quatre coins du monde, du Moyen-Orient à l’Amazonie, en passant par l’Afrique du Sud et arrivant jusqu’à nous. Pour elle, raconter l’histoire, c’est aussi se poser la question de comment la changer, ainsi que notre monde actuel. Dans ces jeux de miroirs et de reflets identitaires, du chœur au public, des personnages chantants aux muets, le maestro sera à nouveau Antonino Fogliani qui affinera, avec les musiciens de l’Orchestre de la Suisse Romande, les différences et les concordances, en consonance avec une distribution de belcantistes extraordinaires, entre autres Riccardo Zanellato, Nicola Alaimo et Saioa Hernandez que l’on retrouvera après son passage remarqué dans Guillaume Tell en 2015.
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