Une rue de Shanghai, aux murs bariolés de lumières publicitaires, dans la touffeur nocturne d’une atmosphère tropicale. Pour Turandot de Puccini, Emmanuelle Bastet s’inspire de la Chine contemporaine et réfléchit à la manipulation dans la société moderne.
La foule s’est rassemblée pour assister à l’exécution du Prince de Perse, qui n’a pas su répondre aux énigmes de la fille de l’empereur de Chine, Turandot. « Froide comme une lame », elle s’est promis de refuser tout mariage, pour venger son aïeule assassinée par un prince étranger. Pour cet opéra aux fortes connotations exotiques, inachevé – il faudra toute l’habileté du compositeur Franco Alfano pour terminer les deux dernières scènes présentées ici –, la mise en scène considère la versatilité du peuple, à la fois victime et instigateur d’une violence perpétuelle, manipulé par un pouvoir cruel dans une société de surveillance généralisée. Turandot est-elle réelle ou bien incarne-t-elle ce monde virtuel où l’image asservit ?